4 villes en deuil pour les étrangers malades

mercredi 24 juin 2015
par  Anaïs Tasie
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Mardi dernier, avec Philémon, on s’était habillés en noir comme l’avaient dit les copains de l’ODSE [1] et on est venus sur l’esplanade avant même les skatters. Là, on a récupéré un linceul blanc marqué d’un beau tampon rond : « condamné à mort par la république » et on a appris à le froisser dans le bon sens, pour le dérouler au bon moment. Comme on était nombreux, il était prévu deux cars pour arriver comme des touristes devant le temple des lois, de l’aut’ côté de la Seine. La banderole noire « Etrangers malades – couloirs de la mort à la française » arriverait avant, puis on devait rappliquer pour se coucher sur la chaussée (ou plutôt le trottoir), entourés des autres habillés en noir. Le deuxième car étant bloqué par une manif de taxis (hihi) nous on a pris le bus de la retap, et on est arrivés trop vite. Pour éviter la maréchaussée, pas si nombreuse mais là, comme on était en avance on est allés au café. A la terrasse, sous un soleil printanier, un quart d’heure de détente pour papoter. Tant et si bien qu’à l’heure moins deux quand on a rappliqué, les copains couchés sous leur linceul se relevaient, et nous, benêts, on est restés spectateurs. Pas inutiles d’ailleurs, en noir on faisait masse, mais les photos étaient passées. Le lendemain, dans la presse (et sur France cult) on en a parlé, parce que ça c’est passé en même temps à Nantes, Paris, Lyon et Toulouse (où ils ont pas eu de chance, il pleuvait fort sur les linceuls).
Philémon et moi, on était contents de participer, parce que ce qu’ils font aux étrangers malades c’est franchement insupportable. On peut être malade, longtemps et grave, et être viré dans un pays où on est en danger, après être passé en centre de rétention, ce qui n’est pas vraiment bon pour la santé. Il suffit que le pays d’où on vient ait quelques médicaments même rares et très chers, pour que la France décide qu’on sera aussi bien soigné là-bas qu’ici où on a commencé le traitement et où depuis le temps on a fait sa vie. Si on va mieux, on est viré même si ça fait dix ans qu’on est là, avec un travail et une famille. La France qui accueille beaucoup moins d’étrangers que les autres pays d’Europe, se permet de renvoyer « chez eux » des gens qui ont le sida ou le cancer, en leur disant que ce n’est pas à nous de les soigner. Comme on est médecins, on sait ce que c’est de ne pas pouvoir soigner des gens qui n’ont pas de papiers, de voir nos patients refoulés du droit d’asile, disparus dans des centres de rétention, séparés de leur famille. Et même des enfants malades qui ne peuvent rester qu’avec un de leurs parents alors que l’autre et les frères et sœurs sont renvoyés dans un pays d’où leurs parents ont fui pour des bonnes raisons il y a longtemps.
On était contents de voir que dans quatre villes, des gens en noir l’ont dit tout haut : expulser des étrangers malades, c’est les envoyer à la mort. Indigne d’un pays riche, qui ne peut plus, vraiment plus, se dire « terre d’asile » comme quand on était petits...



[1ODSE : observatoire du droit à la santé des étrangers, voir sites amis : www.odse.eu.org


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