Raymond à Paris
par
popularité : 6%

troisième épisode du roman de Jean Dagron : "la voix du fleuve"
Je quitte Benoit et le centre-ville, sur la route je louvoie pour éviter les flaques. La terre est gorgée d’eau, les fossés sont pleins. Je parviens au point d’arrivée du pêcheur, un estuaire. Le fleuve teinte en brun l’océan dans un gigantesque mélange de liquides et de remous inquiétants. De la plage, on distingue la bande verte de la mangrove, des bancs de vase, les palétuviers qui accrochent les doigts de leurs racines dans l’eau saumâtre. En bord de terre, des hommes aux torses nus tranchent les feuillages avec des sabres d’abattis. Ils dégagent les abords d’une cabane aux murs de bois noircis sous un toit de tôle rouillée. Ce matin, ils ont posé une porte légère et ce soir une famille s’y installera. Ils feront la cuisine au feu de bois et se laveront dans la cuve prête à recueillir l’eau de pluie, à l’extérieur de la maison. Les pêcheurs profitent de la marée montante qui inverse le courant. La pirogue accoste et Raymond prépare son plat de poissons préféré. Pendant la cuisson, j’évoque la surdité de Benoît. La réponse de Raymond suscite une création visuelle où les organes corporels deviennent des scènes de théâtre où se démènent des acteurs improbables.
– Benoît se sentait coupable d’avoir caché la croissance de sa surdité. – L’index et le majeur de la main droite qui ont signé « surdité » se recroquevillent et vont se loger virtuellement dans la gorge — la surdité, prisonnière au niveau du larynx, criait à tel point que la cochlée en a été irrémédiablement détruite. Benoît n’entendait plus rien. Les neurones auditifs hors d’usage, l’implant a fait irruption et a envoyé de l’électricité sur d’autres axones. Des synapses se sont connectées dans tous les sens. Il percevait à nouveau, mais que des sons cabossés. Pendant la rééducation, un ouvrier s’installait dans son cerveau pour marteler des syllabes dont certaines deviendraient déchiffrables. Pour se reposer, Benoît a cherché ailleurs, dans les mains, dans le geste, dans les yeux, la phrase de son interlocuteur.
Suspension de la discussion, le fumet dégagé par la cuisson des poissons annonce un repas succulent. Les moustiques nous rejoignent, leur heure a sonné et l’occasion d’éprouver plusieurs stratégies pour s’en défendre.
Je rapporte ce que Benoît m’a appris sur cette guerre méconnue et qui n’a pas donné lieu à une grande mobilisation contre ses atrocités. « Les protestations s’interposent rarement entre les coups et les victimes, uniquement une question de chance si on en réchappe ». Raymond lucide refuse la naïveté tout comme le rôle de victime. Pourtant victime, il en est une. Il subit les conséquences d’une tragédie dont j’apprendrai les circonstances, le lendemain, de la bouche d’un ancien fonctionnaire lillois.
Séparé de sa femme, ce dernier vit sa retraite dans sa forêt natale. Contrairement aux autres voisins qui me tiennent poliment à distance, il aime discuter avec moi, sa maîtrise du français le permet. Il connaît les secrets du village dont celui terrible de l’histoire de la mère de Raymond. Lors de l’attaque au Surinam, c’est dans ses bras que sa petite fille meurt atteinte d’une balle. La jeune femme continua à courir et à porter son enfant morte pendant toute la journée et toute la nuit. Des blessures psychiques que rien ne pouvait soigner. À bout de forces, elle a demandé à l’oncle d’emmener son fils en ville. Elle s’est suicidée dans sa maison. Pour les Njukas, le suicide, inconcevable, empêche le défunt et peut-être ses proches de trouver une place parmi les ancêtres. Le chef du village craignait que le malheur s’étende à toute la communauté. L’embarras du capitaine, les dissimulations de l’oncle, cela devient plus clair. Pressé de questions, l’oncle a menti de nouveau et a raconté une histoire plausible en raison de la banalité des difficultés de soins dans la forêt.
Raymond porte en héritage les morts d’une guerre et les souffrances des rescapés. Il fut un des premiers réfugiés que la France appela PPDS (Personnes Provisoirement Déplacées du Surinam). Il obtint un statut, de nombreux autres furent contraints à la clandestinité. Lors du retour de la paix au Surinam, ils virent leurs cabanes incendiées, le manioc écrasé au bulldozer pour les forcer à retraverser le fleuve. À quinze ans, mon ami a éprouvé une guerre où ceux qui s’affrontent ne développent pas d’arguments de légitimisation et ont comme seuls objectifs les pillages et les actes de banditisme. Moi, à cet âge, je vivais mai 68 où la fête l’emportait sur les coups de matraque, où les enjeux de la guerre au Vietnam paraissaient clairs. Il y avait un « bon côté » comme dans la lecture de la Seconde Guerre mondiale. Seul mon grand-père parlait différemment, on savait bien qu’il n’y avait rien de juste dans la guerre qu’il a subie à Verdun, rien d’autre que l’absurde et l’inutile. Il ne racontait rien d’héroïque au mieux de la débrouillardise dans une boucherie insensée. Aucune trace de guerre « juste » également dans celle de Raymond, mais un drame qui repose les mêmes questions, fondamentales depuis la Deuxième Guerre mondiale. Comment un homme peut-il se comporter ainsi avec d’autres personnes ? Comment comprendre que d’un hélicoptère on tire sur une femme et son enfant ? Comment les rescapés pourront-ils vivre avec ce fardeau ? Ma représentation de la guerre change, elle va s’ancrer dans mon cerveau, surplombant les explications sur les raisons, les objectifs et les résultats des conflits, sous forme d’une image. Celle d’un rocher énorme qui s’abat brutalement, et si, par hasard, on lui échappe, on reste abasourdi, éclaboussé du sang des personnes écrasées.
Je dois surmonter l’émotion et apprendre à Raymond le suicide de sa mère. J’exécute cette obligation avec sérieux et concision. Il réfléchit longuement avant de s’exprimer. Les non-dits et même le mensonge, il s’en doutait. Ce qui est toujours difficile à dire est devenu, dans son cas, impossible à dire. Le suicide est tabou, mais tout le village savait, sauf lui. Une partie de la vie communautaire a été inaccessible, par exemple l’histoire des Ndjukas venus d’Afrique, leur culture de résistance contre l’esclavage, pourtant cela constituait une des bases de l’éducation des jeunes. On le tenait à l’écart, en raison de sa surdité ? Un obstacle que personne ne veut affronter. La révélation, aujourd’hui, le blesse encore, profondément, un mensonge de cet oncle, sa principale famille. – Ton oncle n’a pas pu te parler. Le suicide clôt les lèvres. Il n’a pas su parler à un sourd, franchir la barrière de la langue. Malgré tout, à l’évidence, il t’a montré un chemin. Il t’a appris les modes de vie de la forêt et cela compte.
Après une pause, il signe lentement. – Mon oncle est coincé entre les traditions et son incapacité à m’en parler. Mais l’expérience de son grand-père et de son père, il me l’a transmise, je la possède. Elle est mienne. Pour trouver sa place dans cette nature violente, il faut du temps. Plus que le temps d’une vie. Un homme est fort de sa force propre, mais aussi de celle de ses ancêtres. Nous nous accordons si profondément alors que nos opinions se sont forgées sur des parcours si éloignés. Jeune, là d’où on a notre origine, tout paraît normal, avant de se heurter à la diversité du monde.
Sur notre route des personnes précieuses tendent un miroir pour percevoir qui l’on est réellement. Raymond a eu ce rôle révélateur, quel bel objectif de l’écrire. Ce travail d’écriture j’ai la prétention de l’entreprendre, d’abord en rapportant ce séjour en Guyane, ensuite le récit du parcours de mon ami, du moins les jalons dont j’ai eu connaissance. Je vais devoir fouiller ma mémoire et écouter des témoins.
1992 Paris Raymond arrive à Paris au début des années 90. Notre rencontre ne surviendra que l’année suivante. Ses premiers pas dans la capitale, il me les a racontés. Il a 20 ans. Un cousin Ndjuka, habitant de la banlieue, l’accueille. Il est logé, mais pour le reste la vie n’est plus collective comme en Guyane. Chacun court à ses affaires, Raymond se débrouille seul. La nuit, il rêve de son grand fleuve, le jour, il cherche à se diriger parmi la multitude. Tout se révèle étrange, il découvre les escaliers mécaniques où les passants montent sans hésiter. À sa première tentative, méfiant, il saute d’un bond disproportionné sur le plancher immobile. Il aurait voulu que ses camarades guyanais partagent cette découverte. La froideur des habitants l’étonne, plus encore que celle du climat. Les gens sont camouflés, les corps dissimulés sous des vêtements, les visages s’effacent derrière un masque d’indifférence. Au bout d’un mois d’expérimentation du métro, il se repère dans Paris. Sur un plan il lit « Institut National des Jeunes Sourds », rue Saint-Jacques. Il rôde dans le quartier et observe à distance plusieurs groupes de gamins qui signent si vivement qu’il peine à comprendre.
Quatre sourds un peu plus âgés se dirigent vers un café. D’autres adultes les rejoignent et s’installent en terrasse. Raymond les regarde, planté sur le trottoir d’en face. Un des attablés, un noir râblé l’a repéré. Il lui lance un signe « Sourd ? » Raymond hoche la tête. « D’où viens-tu ? ». Raymond fait un geste qui ressemble à un pagne. Le sourd du café épelle G.U.Y.A. N.E. « Rejoins-nous ! ». Le groupe bavarde toute la soirée, des histoires banales avec de multiples détails sans intérêt. Souvent privés de communication, les sourds ont faim de ces conversations sans fin. Raymond est différent, il vit dans le silence de sa frontière invisible, sans grandes frustrations et sans besoin de bavardage.
Son esprit, il va le nourrir les mois suivants, en se faisant un vrai copain. Albert, celui qui l’a invité au café, pétille d’idées et d’anecdotes singulières. Originaire de l’Ouest camerounais, bébé lors de la mort de ses parents, recueilli et élevé par sa grand-mère, une méningite le rend sourd tout jeune enfant. À l’âge de quinze ans, sa sœur aînée le fait venir à Paris où il suit un enseignement. Il se débrouille en français oral. Il connaît aussi l’asl — langue des signes américaine —, le Bamiléké et un peu d’anglais. Il explique tout cela en lsf — langue des signes française.
Avec son expérience, ses trouvailles linguistiques, Albert ouvre des horizons inconnus à Raymond. À la même époque, par l’entremise d’un ami guyanais de son cousin, il trouve le moyen d’assurer sa subsistance. Il récure la vaisselle d’un restaurant, deux fois par semaine, les jours de repos du plongeur. Apprécié pour son sérieux, il fait son chemin pas à pas. Il arrive à verser un petit loyer à son cousin, il assiste à des cours de français écrit et de sciences.
Depuis quelques mois j’osais fréquenter les milieux sourds. La curiosité l’emportait sur mon niveau de signoteur. En ce début des années 90, une nouvelle génération, en ébullition, m’attirait comme un aimant. Ceux que ma formation de médecin classait comme atteints d’une pathologie grave entraînant des problèmes majeurs de communication se révélaient des champions lors de réunions-débats. Animés d’une soif d’échanges difficile à étancher, ils multipliaient les rencontres dans le métro, les cafés. Raymond et moi, nous nous sommes connus à un rassemblement silencieux. Ce soir-là un mélange de noirs, de blancs, de métis, d’Asiatiques. Raymond retrouve la même palette de couleurs qu’en Guyane. Il me le dira plus tard en parodiant Ray Charles, musicien noir et aveugle. – Heureusement en France, je ne me suis pas seul noir au milieu de blancs. Ce serait une situation pénible bien que la solitude peut être pire...
J’aurais pu être sourd. Dans la salle, j’en reconnais certains et constate, une nouvelle fois, le brassage social, quelques enfants des beaux quartiers dont une fille brune arrivée en patins à roulettes, quelques étrangers, des banlieusards qui vivent de petits boulots et d’allocations, une poignée d’entendants. Cette année-là, je prenais du recul avec la médecine que j’avais pratiquée pendant quinze ans. Le schéma fondateur de la consultation auquel on m’avait formé : signes cliniques-diagnostic-traitement ne fonctionnait plus, bouleversé par l’épidémie du sida. Les signes cliniques, le diagnostic une évidence et notre impuissance thérapeutique manifeste. Réfléchir à une médecine d’accompagnement, savoir parler de sexualité, de vie, de mort, m’imposait un cursus en sciences sociales. Là, j’ai reçu une formation aux enquêtes sociologiques où on me recommanda d’écrire sur un carnet mes pérégrinations dans les milieux sourds. Je notais tout. Ce soir-là, certains trépignent d’exposer leur histoire personnelle. Ces témoignages, que je découvrais, allaient devenir un thème récurrent, mille fois raconté.
Une enfance solitaire dans un milieu entendant, envahie par la peine des parents.
– Je faisais tout pour leur faire plaisir, des efforts pour articuler des mots que je n’entendais pas, guettant un pâle sourire ou la déception. – Ma mère me parlait bien en face comme lui conseillait les éducateurs, sans les gestes comme lui ordonnaient les médecins. Elle m’emmenait aux séances d’orthophonie. Elle reprenait toutes les leçons. Je me rendais bien compte de ses efforts, mais lui reprochais quand même son entêtement à me faire répéter, jusqu’à ce que j’oralise correctement. L’assemblée frémit comme si chacun revivait ses souffrances, ses défaites. – Quand j’avais faim, je devais articuler « je-veux-du-pain ». Regardez le signe (pain) facile à voir, facile à faire !
Sur mon carnet, pour l’intervention suivante, j’ai écrit : représentation théâtrale, suivant l’impression que m’a donnée l’orateur. Depuis j’ai maintes fois assisté à ces scènes visuelles que créent les discours en langue des signes. Ce jour-là, dans le cadre d’une consultation médicale dessinée par ses mains, l’orateur devient un professionnel de la surdité, suintant d’hypocrisie, qui essaie de convaincre une mère. Un jeune sourd, l’orateur joue son propre rôle, les regarde. Il ne supporte pas la séduction que déploie le professionnel pour parler de « il ». Autour de moi, les spectateurs s’agitent. Ils revivent, des années plus tard, leur frustration quand ils n’étaient qu’une troisième personne. L’emploi de ce « il » qui rend transparent. – Un moment, j’ai agrippé maman « Que dit-il ? » Elle était désemparée. Je ne lui en veux plus, mais pourquoi m’a-t-elle répondu : « pas grave, je t’expliquerai plus tard. » Je me suis levé et j’ai claqué la porte, le plus fort possible, dans le but de leur faire exploser les tympans. Je ressens encore les vibrations ! La salle rugit de plaisir. Les actes de révolte, ils en ont parfois réalisé et toujours rêvé.
Parmi les participants, une femme d’âge mûr signe calmement : – Moi j’oralise. Ni ma famille ni aucun entendant ne m’avaient informée de la communauté sourde. Quand j’ai découvert son existence, si j’avais été un chat, j’aurais eu tout le temps les poils dressés sur la tête. Pendant toute une période, j’ai refusé de parler avec la bouche. Tant pis pour ceux de mes proches qui n’avaient jamais fait l’effort d’apprendre la langue des signes ! Maintenant je suis calme. J’ai compris que le propre du sourd est le sale des réparateurs de l’ouïe. Je sais qui je suis. Je trouve du plaisir à parler le français, mais quand, moi, je le décide. L’agitation reprend, chacun veut raconter les séances d’audiométrie, les audiogrammes placardés sur les murs de la classe qui les divisent en sourds moyens, sévères, ou profonds.
Une petite rousse attire l’attention. – On va classer les entendants. Celui qui ne bouge pas un petit doigt pour communiquer sera un entendant profond. Celui qui réserve les signes à ceux qui n’arrivent pas à parler ou aux singes, un entendant comme un... Elle épelle « P.O.T. ». Éclats de rire. La plupart des sourds ont appris les gestes en cachette en goûtant le bonheur de retourner les propos stupides. – Seule avec mes parents, on communiquait plutôt bien que mal. Mais les repas de famille… l’horreur ! Au début on fait un peu attention à toi puis on t’oublie rapidement. Je faisais des efforts désespérés pour deviner qui parlait. Elle fait un grand geste panoramique, deux doigts comme un radar qui s’arrête sur les lèvres de l’assemblée. – Le pire, les histoires drôles. Tu t’accroches, tu t’accroches et… paf, à la fin, la chute t’échappe. Tous rient et toi, tu restes seule dans ta bulle, humiliée. Étrangère au milieu de ta famille. Maintenant je me rattrape. Je ne fréquente les fêtes que si d’autres sourds y participent. À l’adolescence, quand j’ai appris les signes, j’étais maladroite et sur la défensive. Petite, j’avais fait tellement d’efforts. Apprendre de nouveau une langue, un sacrifice trop lourd. Je suis tombée amoureuse d’un prof de signes et dans l’impossibilité de résister à la sensualité de ses gestes ! Je ne suis pas arrivée à le séduire, mais mon inhibition corporelle s’est évanouie.
Un gars s’avance, grand mince aux larges épaules. On ne remarque pas le volume de ses muscles, mais la vitalité qui explose à chaque mouvement. Il alterne sérieux et sourire chaleureux. Son éloquence bien structurée, ses signes clairs me détendent. Pas d’implicite, pas de gestes précipités qui rendent incompréhensibles des pans du discours. Pour la première fois, Raymond prend la parole en public. Je tente de transposer une harangue en trois D sur la linéarité du papier. Ses mains dessinent un sac virtuel, il y range une énumération de souffrances – Les manques, les peines, les vexations, les regards méprisants... Il lève le sac puis d’un brusque mouvement en déverse le contenu sur sa tête.
– Non, cela ne se passe pas du tout ainsi. Le malheur nous tombe du ciel, mais s’il parvient à nous envahir totalement, si la tristesse gagne le combat, c’est que soi-même, on manque de confiance dans la vie. Nous, et nul autre, sommes responsables de nos souffrances. Accepter ce que nous sommes conditionne nos progrès.
Chacun vient de partager son expérience personnelle, différente, mais en même temps similaire. Le « Je », qui ne fait que se regarder, est un soupir. L’orateur signe en se recroquevillant, la face empreinte d’une profonde tristesse. – En partageant nos faiblesses, tous ensemble, nous sommes un vent qui souffle vers l’avenir. Ma traduction grandiloquente réfléchit le torse redressé, le visage souriant, le regard qui porte loin accompagnant des gestes qu’un mélange de souplesse et de solidité rend explicites. Cette éloquence doit ébranler même les plus meurtris, ceux qui ont la conviction d’être seuls à tant souffrir, car des sensations circulent dans la petite foule. Les souffles, les corps de mes voisins se détendent, au rythme de la puissance émotionnelle de la langue des signes. Un émoi transporte l’assemblée, avec la certitude que cela fait du bien à chacun. Moi-même, entendant, je me sens gagné par l’euphorie de cet instant magique. Je ne sais ce qui m’impressionne le plus, peut-être la force qui émane de cette prise de conscience collective.
Commentaires