Les patients souffrent, les médecins attestent, les employeurs portent plainte à l’Ordre des médecins...

mercredi 23 mars 2016
par  Outils du soin
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De nombreuses affaires touchent des médecins du travail, des psychiatres et des médecins généralistes, dénoncés puis attaqués auprès de l’Ordre des médecins par des employeurs, qui ne supportent pas que l’on atteste de la souffrance au travail de leurs salariés. L’Ordre des médecins qui devrait défendre le secret médical, base de la déontologie, se fait le relais de ces plaintes. Comment, dans ces conditions, continuer à essayer de soutenir les patients qui souffrent au quotidien ?

Cela commence toujours pareil : une mention "souffrance professionnelle" ou "souffrance au travail" ou "stress lié au travail" sur un certificat ou un arrêt de travail, notée par le médecin qui suit le patient et a fait le diagnostic (par élimination d’autres causes et après avoir pris le temps d’écouter un patient dont il connait les conditions de travail et a pu évaluer le retentissement de ces conditions sur sa santé). Le patient en litige avec son employeur, souvent après un licenciement, fournit ce certificat à son avocat pour se défendre. L’avocat adverse prend prétexte de ce certificat pour décrédibiliser le patient et le médecin accusant celui-ci d’avoir établi un lien dont il n’avait pas les preuves entre les troubles présentés par le patient et son travail. Puisque le médecin n’est pas sur le lieu de travail pour constater les faits, et même s’il est médecin du travail. Et l’employeur porte plainte auprès de l’Ordre des médecins contre le médecin du patient.

L’Ordre des médecins, qui pourrait refuser la plainte pour rupture du secret médical et mise en cause de la compétence du médecin, choisit toujours de l’instruire, après une conciliation visant à faire changer les termes du certificat (pour, en pratique, retirer le lien avec le travail). Tout cela en dehors de la présence du patient, pourtant le premier concerné. Le médecin traitant va-t-il se dédire ? S’il affirme ce qui était son diagnostic, il va au-devant de problèmes : comparution en chambre disciplinaire avec risque de blâme voire de suspension.

Une défense des médecins ayant vécu cette expérience commence à se mettre en place. Des argumentaires permettent de défendre à la fois la conception de la médecine au service de la santé des patients et d’un droit universel égalitaire. La juridiction d’exception que représente l’Ordre des médecins est sérieusement mise en question.


Commentaires

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mercredi 27 avril 2016 à 13h21 - par  Jean-Noël de cargèse

Bonjour,
Il est vraiment regrettable d’assister à une déviance de cette nature quant aux diagnostics médicaux revisités et réadaptés, sous prétexte que le médecin n’est pas au sein de l’entreprise pour élaborer son diag.
On assiste de plus en plus à des frilosités de la part de médecins de travail qui sont implantés au sein des entreprises car ils on du mal à garder la distance avec les politiques d’entreprises relayées par les DRH in situ.
Au sein des cabinets ou sociétés de médecine du travail ; c’est varié. Certains médecins assument leur spécialités et pratiquent leur métier sans avoir de craintes, lorsque d’autres trop "timides" n’osent même pas prescrire un aménagement de poste pour un salarié ayant une RQTH.
Les conditions de travail deviennent de plus en plus abrasives dans nombres d’entreprises mais aussi et surtout dans les administrations.
Ce qui est surprenant c’est l’attitude de l’ordre des médecins qui permet une si inquiétante ingérence des sociétés dans le diagnostic médical, d’autant plus lorsque le secret devrait en être le maître mot.
Ceci tenterait-il à abaisser le niveau de crédibilité des médecins de travail ?
Cette pratique a pour but d’affaiblir un discipline médicale destinée à la gestion et prévention des risques professionnels ?
Ces médecins qui modifient leur diag sont-il menacés et si oui de quoi ?
il serait nécessaire de renforcer le rôle des médecins du travail et de faire en sorte qu’ils soient soutenus pas l’ensemble de leur confrère toutes discipline confondues.
Les maltraitances liés aux organisations de travail mais aussi les harcèlements et intimidations qui prospèrent sont liés à la crise économique que nous traversons dans divers domaines : chômage accrue, nombre de profils confirmés sur le marché du travail, exacerbation des peurs de perte d’emploi...
Pour la petite histoire, en milieu hospitalier, les praticiens comme tous les autres personnels sont soumis à la visite médicale du travail. Seulement ils ne s’y rendent pas dans 90% des cas sous prétexte que ce n’est pas un domaine d’expertise. Pourtant en matière de veille sanitaire et de préventions des risques psychosociaux ou physiques ils sont les meilleures vigies.
Voici un petit peu en vrac le ressenti que je fais de cette situation pour avoir vécu ces situations depuis plus de 20 ans dans le secteur public et le privé.
je ne parle pas du document unique de gestion des risques professionnels rendus obligatoire dans les entreprises....
Sans être provocateur... on voudrait limiter ou supprimer les médecins de travail on ne s’y prendrai pas mieux.

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