Les patients souffrent, les médecins attestent, les employeurs portent plainte à l’Ordre des médecins...
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De nombreuses affaires touchent des médecins du travail, des psychiatres et des médecins généralistes, dénoncés puis attaqués auprès de l’Ordre des médecins par des employeurs, qui ne supportent pas que l’on atteste de la souffrance au travail de leurs salariés. L’Ordre des médecins qui devrait défendre le secret médical, base de la déontologie, se fait le relais de ces plaintes. Comment, dans ces conditions, continuer à essayer de soutenir les patients qui souffrent au quotidien ?
Cela commence toujours pareil : une mention "souffrance professionnelle" ou "souffrance au travail" ou "stress lié au travail" sur un certificat ou un arrêt de travail, notée par le médecin qui suit le patient et a fait le diagnostic (par élimination d’autres causes et après avoir pris le temps d’écouter un patient dont il connait les conditions de travail et a pu évaluer le retentissement de ces conditions sur sa santé). Le patient en litige avec son employeur, souvent après un licenciement, fournit ce certificat à son avocat pour se défendre. L’avocat adverse prend prétexte de ce certificat pour décrédibiliser le patient et le médecin accusant celui-ci d’avoir établi un lien dont il n’avait pas les preuves entre les troubles présentés par le patient et son travail. Puisque le médecin n’est pas sur le lieu de travail pour constater les faits, et même s’il est médecin du travail. Et l’employeur porte plainte auprès de l’Ordre des médecins contre le médecin du patient.
L’Ordre des médecins, qui pourrait refuser la plainte pour rupture du secret médical et mise en cause de la compétence du médecin, choisit toujours de l’instruire, après une conciliation visant à faire changer les termes du certificat (pour, en pratique, retirer le lien avec le travail). Tout cela en dehors de la présence du patient, pourtant le premier concerné. Le médecin traitant va-t-il se dédire ? S’il affirme ce qui était son diagnostic, il va au-devant de problèmes : comparution en chambre disciplinaire avec risque de blâme voire de suspension.
Une défense des médecins ayant vécu cette expérience commence à se mettre en place. Des argumentaires permettent de défendre à la fois la conception de la médecine au service de la santé des patients et d’un droit universel égalitaire. La juridiction d’exception que représente l’Ordre des médecins est sérieusement mise en question.
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